Les études sur l’EFT

Je vous présente aujourd’hui un article de David Feinstein qui a été publié dans sciencedirect en 2019 et présente un tour d’horizon assez complet du cadre théorique et pratique de l’EFT et de la psychologie énergétique. J’ai extrait et traduit les éléments qui me paraissaient les plus saillants dans cet article après avoir réglé les droits de licence pour pouvoir faire un résumé de ce travail. Toutes les références citées entre parenthèses se trouvent sous l’article original anglais.

https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1550830718303513

Contexte

De nombreuses controverses sont nées à la suite de l’arrivée de ces techniques dans les milieux cliniques et il n’y avait guère d’étude sérieuse sur le sujet lors des premières années puisque la méthode venait d’être découverte, il y a plus de trente ans maintenant. Cette situation a évolué depuis et voici une présentation extraite du long article de David Feinstein sur le sujet.

A ce jour, plus de 100 études de résultats évaluées par des pairs ont été faites et 51 d’entre elles l’ont été sous forme d’essais controlés randomisés. L’efficacité et la rapidité sont ainsi avérée à travers le descriptif d’un cadre méthodologique précis de stimulation des points d’acupuncture, dits acupoints, dans le traitement de l’anxiété, la dépression, le PTSD et d’autres troubles.

Il reste cependant à démontrer avec certitude le processus physiologique de ces effets bénéfiques qui sont ressentis par les patients, de manière durable, à la suite du protocole de psychologie énergétique.

La grande majorité des thérapeutes agréés qui utilisent la technique de tapping des accupoints (EFT) le font dans un cadre clinique plus classique et certains ont suggéré que cette approche psychique et physique pouvait constituer une quatrième vague de thérapie comportementale et cognitive.

L’American Psychological Association, en 1999, a d’abord refusé de subventionner les cours sur les thérapies à base d’acupoints. En 2011, à la suite d’essais contrôlés randomisés évalués par des pairs, elle revient sur son avis initial et accorde le statut de sponsor de formation continue à l’Association for Compréhensive Energy Psychology (ACEP), qui promeut la psychologie énergétique.

De son côté, le National Institute for Health and Care Excellence (NICE) au Royaume Uni qui décide des traitements de santé autorisés, ouvrira ensuite une nouvelle branche pour les PTSD par le traitement à base de « thérapies somatiques et cognitives combinées » incluant l’EFT et la TFT.

https://www.nice.org.uk/guidance/ng116/evidence

Composante somatique

Eric Leskowitz, psychiatre à Harvard débute sa carrière en 1983 et se rend compte assez rapidement que de faire raconter encore et encore les mêmes histoires de guerre par certains de ses patients empire leur état en les faisant s’exposer de nouveau au souvenir qui a provoqué leur trauma. 

C’est également ce que décrit Bessel Van der Kolk dans ‘le corps n’oublie rien’ et il propose un arrière plan biologique à cette idée selon laquelle ‘la thérapie par la parole ne suffit pas’. Il découvre que le « traumatisme est stocké dans la mémoire somatique et s’exprime par des changements dans la réponse biologique au stress relativement imperméables au changement ». 

Les années 1980 jusqu’à nos jours verront alors l’émergence d’un grand nombre de thérapies issues des techniques non verbales et corporelles pour traiter la détresse psychologique et mentale. 

Ainsi le tapping des points d’acupuncture est une technique somatique douce qui démontre de plus en plus son efficacité dans l’atténuation de la réponse hormonale au stress et la facilitation des changements positifs dans l’expression des gènes en relation avec la santé physique et mentale.

Acupuncture, acupression et tapping

Etant donné que le protocole EFT s’appuie sur la stimulation des points d’acupuncture, il convient de s’intéresser aux études publiées qui lui sont consacrées. Les niveaux de preuve d’efficacité de 136 études systématiques et méta-analyses ont été évaluées en ce qui concerne 122 conditions médicales dans 14 grands domaines cliniques. Elles s’échelonnent de qualité modérée à élevée pour 46 pathologies dont plusieurs troubles psychiatriques, ainsi qu’en remplacement de certains médicaments dans le traitement de la dépression, la schizophrénie et l’hypertension. 

Une étude en double aveugle a également comparé de manière concluante l’acupuncture à aiguilles avec la pression des doigts sur la peau. Différentes études montrent également un avantage à utiliser le tapotement par rapport aux aiguilles dans le traitement des troubles anxieux parce qu’il permet d’ajuster la réponse chez le patient avec beaucoup de flexibilité.

Le mécanisme mis en jeu dans la stimulation des points d’acupuncture est appelé « transduction mécanosensorielle », c’est à dire que les cellules convertissent un stimulus mécanique (doigts ou aiguilles) en activité électrique. 

https://www.medicalacupuncture.org/

Des études ont permis de montrer les voies empruntées par les méridiens d’acupuncture à l’aide de marqueurs radioactifs envoyés dans les points (32), ainsi qu’une irradiation photoluminescente de la biocéramique (16) et des scanners IRMf (imagerie par résonance magnétique fonctionnelle) (70). Il semble y avoir une correspondance entre les fascias et les trajets qu’effectuent les méridiens d’acupuncture. (7,45)

Le collagène qui compose une bonne partie du tissu conjonctif du fascia permet de conduire les signaux dans certaines parties du corps beaucoup plus rapidement que s’ils devaient passer par le système nerveux de neurone à synapse à neurone (93).

https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1550830718303513

Efficacité

Après des débuts qui suscitaient le doute par manque d’études cliniques jusqu’en 1985, le premier essai randomisé a été publié en 2003. Son résultat concluait qu’un traitement de 30 minutes avec un protocole de tapping réduisait la peur à un degré significativement plus élevé qu’un protocole sans tapping. (123)

Fin 2018, 116 essais cliniques sur cette approche étaient publiées dans des revues à comité de lecture et sont classées sur le site de l’ACEP. 51 d’entre elles portaient sur le traitement de pathologies telles que l’anxiété, le SSPT, les phobies, la dépression, les troubles alimentaires, du sommeil, la douleur physique, la fibromyalgie et les performances sportives.

Principes actifs

La psychologie énergétique utilise des techniques d’exposition et des interventions cognitives combinées au tapping des points d’acupuncture, qui en est l’élément suscitant le plus de doute chez ses détracteurs. On a donc été effectué des études de démantèlement afin d’évaluer l’importance de ces différentes composantes dans l’efficacité des traitements. 

6 études comparant les effets du protocole avec et sans tapping ont montré une efficacité supérieure, indépendante du placebo. (26) 

2 études ont examiné le tapping sur des points fictifs d’acupuncture et ont démontré une efficacité meilleure également en pratiquant le tapping sur les bons points d’acupuncture. (101,102)

66 études sur l’acupression avec 7265 sujets ont également démontré une efficacité thérapeutique de la stimulation des points d’acupuncture à celle de points fictifs bien que les points fictifs génèrent tout de même un intérêt clinique. (118)

Changements dans les signaux neuronaux

On a récemment comparé des scans cérébraux effectués par IRMf avant et après un traitement de psychologie énergétique. Ils semblent démontrer que le tapping des points d’accupuncture influence directement l’activité cérébrale. Stapleton et al.(114)

Envoi de signaux régulateurs à des zones ciblées du cerveau

Les points d’acupression lorsqu’ils sont stimulés, semblent modifier l’activité de certaines zones du cerveau en lien avec les problématiques exposées par le patient lors du traitement de psychologie énergétique. Le tapping régule les zones du cerveau qui sont activées par la technique d’exposition et/ou modifie les apprentissages émotionnels dans les zones neuronales.

Des études sont en cours sur ces sujets afin de démontrer avec certitude le mécanisme fonctionnel de ce protocole et la compréhension de sa durabilité.

Reconsolidation de la mémoire

Ce processus, par lequel un apprentissage peut être transformé par le tapping et l’évocation au présent, formant de nouvelles voies neurales qui sont ensuite intégrées dans la mémoire, est appelé « reconsolidation de la mémoire ». (35,66,89)

Ce sujet est encore à l’étude actuellement. (Alberini et LeDoux, p. 7461)

Conclusion

Si vous souhaitez en savoir beaucoup plus sur tous les aspects scientifiques évoqués par l’auteur, je vous invite à vous reporter à l’intégralité de l’article en anglais publié par l’auteur David Feinstein et ses très nombreuses références en fin d’articles. J’ai reporté quelques unes dans d’entre elles dans ce résumé mais elles ne sont pas traduites.

https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1550830718303513