« Le cerveau, l’esprit et le corps dans la guérison du traumatisme. »

Partie 1

Cet article est tiré de la lecture du passionnant ouvrage de Bessel Van der Kolk que je vous invite vivement à lire: le corps n’oublie rien.

Bessel Van der Kolk commence sa carrière de psychiatre en 1978 à la clinique des vétérans de Boston. Il rencontre lors d’une consultation, un ancien du vietnam, devenu avocat, marié , 2 enfants, mais qui n’a rien oublié de cette période et qui « se sent mort à l’intérieur ». L’homme est sujet à des crises de rage et de violents cauchemars. Le dr Van Der Kolk lui prescrit alors un médicament pour dormir. 

Lors de la visite suivante, le patient lui confie n’avoir pas pris le produit, par peur d’oublier ses amis, en n’étant plus la « mémoire vivante pour ses amis qui sont morts au Vietnam. » 

Conflit de loyauté.

Cette rencontre et de nombreuses autres, assez similaires au niveau des symptômes amèneront le jeune psychiatre à faire évoluer sa pratique en allant chercher des informations sur ce qui ne s’appelait pas encore le stress post traumatique. Il découvre notamment à la bibliothèque « les névroses traumatiques de guerre » d’Abraham Kardiner publié en 1941. Une phrase de ce livre, lui reste en mémoire: « le noyau de la névrose est une physionévrose ». C’est à dire que c’est le corps tout entier qui réagit au traumatisme.

Peu d’informations cependant, dans ce livre, sur les moyens éventuels afin d’aider ces personnes traumatisées à aller mieux, ce qui va pousser le jeune psychiatre en suivant les recommandations de son professeur Elvin Semrad, à partir de ses observations lors des consultations pour élaborer sa propre méthode.

Le professeur, qui se méfiait des livres, avait l’habitude de dire: « nous n’avons qu’un seul manuel: nos patients. Nous ne ne devons nous fier qu’à ce qu’ils nous apprennent – et à notre expérience personnelle. » 

Il invitait cependant à la plus grande prudence dans cette pratique qui nécessite une parfaite connaissance de soi en ajoutant que: « les plus grandes sources de nos souffrances sont les mensonges que nous nous racontons. ».

En écoutant ses patients, il va découvrir que le SSPT s’accompagne souvent de ce qu’il nommera « un engourdissement émotionnel », c’est à dire l’incapacité à ressentir de la proximité émotionnelle avec les situations, les proches et l’impression de se voir agir à distance comme si l’on était coupé de soi-même.

Les seules émotions ressenties sont celles de honte et de colère lorsque se manifestent des crises de rage.

Il faudra attendre l’année 1980 pour qu’un groupe de vétéran du Vietnam, soutenus par les psychanalystes Lifton et Shatan obtiennent auprès de l’association psychiatrique américaine, la création d’un « nouveau diagnostic: le syndrome de stress post traumatique (SSPT).

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